Twitching Tongues : In Love There Is No Law

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twitching tongues

En farfouillant en quête d’inspiration sur des sites musicaux, je décide de faire une pause sur Deezer et d’écouter un bon truc basique qui me fera oublier que je ne sais absolument pas quoi chroniquer.

Sur la première page, qui d’habitude ne me propose qu’un ramassis de déchets commerciaux à un stade avancé de décomposition, une pochette attire mon œil, un joli noir et blanc avec une nana qui embrasse un squelette. Visuel simple, mais sympathique. Me disant que je n’ai rien à perdre, et avide de découverte, je clique.  C’est parti pour Twitching Tongues.

Twitching Tongues est un groupe formé en 2010, ce qui m’a rassuré. Je commençais sérieusement à ronger mon frein de ne pas avoir connu ce groupe avant, me disant qu’il devait dater des 90’s. Le retard n’est pas trop dur à rattraper, puisque le groupe n’a sorti que deux albums, dont le premier Sleep Therapy, est sorti en 2011. Twitching Tongues rassemble cinq californiens (deux guitares, une batterie et une basse) qui se catégorisent eux-même comme « hardcore/metal ». Parmi leurs influences, on retrouve Type O Negative, Obituary, Candlemass…et c’est étonnant qu’ils n’aient pas mentionné Pantera. Pour les allergiques au hardcore qui ont déjà fait une grimace vomitive à la vue de ce nom, restez avec nous, car vous n’entendrez pas les clichés du genre usés jusqu’à la moelle. Le batteur ne se démonte pas les bras en blast beats interminables rendant les morceaux tous pareils, et la voix du chanteur tranche vraiment avec ses collègues coreux.

Le deuxième album sort en 2013. Et quel nom ! Quand on est californien et qu’on appelle son album In Love There Is No Law, le barbare qui guerroie en nous anticipe le « groupe de tapettes » genre clip sur la plage avec groupies peroxydées en prime ! Mais que nenni, il n’en est rien.

Les premières secondes de l’album sont dissonantes, flottantes, et progressives comme le réveil d’une grosse bête féroce: « Eye’s Adjust ».  Après un break vraiment bien placé, la bête commence à marcher pour aller béqueter une ou deux cervelles. Le riff se rapproche plus du doom que du hardcore, la partie guitare est intelligible, la batterie soutient le groove, tout s’annonce plutôt pas mal. Il faut encore attendre la voix. Me concernant, c’est en général à ce moment-là que les choses se gâtent, et que je ferme la fenêtre pour aller voir ailleurs, et fuir ce bon début transformé en immondices. Là encore, que nenni !

Là où l’on s’attendrait à soit des cris aigus de caniche vexé, soit des growls bien virils, on trouve en fait une voix claire à tendance éraillée qui parfois pourrait même coller à une ambiance new wave. L’alchimie prend carrément bien et l’on se laisse tenter par la suite de l’album. C’est à partir de la deuxième piste, « In Love There Is No Law », que le mot new wave prend tout son sens et l’influence de Type O Negative est confirmée, et reconfirmée dans « Good Luck », où il a carrément des accents adolescents dans la voix. Dans « Preacher man », le groupe montre sa maîtrise du chant. Le quintet casse l’image du coreux qui ne sait pas chanter juste et le refrain reste franchement dans la tronche.

Mais si le chanteur a à priori une voix à tendance new wave, n’oublions pas qu’ils ont prononcé le mot hardcore pour se définir, et c’est ce que l’on comprend dans « World War V » qui fait sans nul doute son effet « nuage de poussière » dans le pit. Celui qui pourrait parfaitement chanter du goth caverneux est largement capable d’exploser son taux de testostérone et de gueuler ses tripes. On sent également une petite, même grosse influence de Pantera au niveau du son et de l’énergie, surtout dans « Deliver Us To Devil » qui rappelle sans discrétion « A New Level ». « Feed Your Disease » n’est pas innocente non plus. L’ombre de feu Dimebag Darrell surgit également lors de nombreux solos qui reprennent parfois les intervalles caractéristiques de son jeu.

L’ovni de l’album, car il en faut toujours un, c’est « Departure ». A côté des monstres entendus jusque-là, c’est clair que le titre parait vachement dépouillé. Guitare acoustique, voix féminine douce et pure ajoutée à celle du chanteur, si vous vous étiez brisés les os lors des passages couillus, et bien voici le moment de vous appliquer des onguents magiques sur vos blessures de guerre. Pause salutaire donc.

Twitching Tongues renouvèle le hardcore et permet à ses détracteurs d’apprendre à en aimer certaines caractéristiques. C’est que Twitching Tongues tempère le bourrin, y ajoute des mélodies vraiment profondes, de la construction à l’intérieur des titres et ne s’en tient pas au cliché du coreux excité et gueulard qui joue le plus vite possible. Ces californiens nous font passer par presque tous les états, même s’ils ont peut-être oublié d’inviter la joie et la lumière, et heureusement car cela aurait été vraiment trop culcul la praline. In Love There Is No Law est un album vraiment bien conçu aux influences diverses. Ce n’est pas non plus du déjà vu insipide. Les puristes du hardcore seront peut-être déçus malgré tout du calme qui règne entre les morceaux puissants.A l’échelle des grands noms du metal aux discographies aussi longues que ma b… (ah non merde je peux pas dire ça je suis une gonzesse), Twitching Tongues est un jeune groupe, mais bon dieu qu’est-ce qu’ils envoient !

Du son :

World War V

Eye’s Adjust